Le carnage du Canjuers, a qui profite le crime ?
1990-1992, Var.
D’étranges mutilations ont été observées sur des moutons sur le plateau du Canjuers, près des gorges du Verdon. Le plateau de Canjuers s'étend dans le Haut-Var (83) entre 900 et 1300 m. Depuis deux ans et demi, près d’un millier de moutons ont disparu, ou ont été retrouvés mort dans des circonstances étranges. Des enquêtes ont été menées (Association Magonia) et plusieurs cadavres ont été autopsiés. L’un d’entre eux portait des petites incisions de quatre à cinq millimètres de long découvrant à l’intérieur du corps des hématomes de vingt à vingt-cinq centimètres de diamètre. Une brebis a été découverte totalement vidé de son sang.
Aucun prédateur ne semble être à l’origine de ces phénomènes.
Les bergers, catastrophés par ces événements, montent la garde, surveillant nuit et jour leurs troupeaux. Une battue doit être organisée, mais au fond personne ne croit à l’hypothèse d’un animal sauvage s’attaquant au bétail, c’est un véritable désastre pour les bergers, dont les assurances ne peuvent rembourser qu’une petite partie des pertes. Cette vague de mutilations et de disparitions rappelle étrangement par certains aspects, les événements qui ont défrayé la chronique et qui la défraye toujours depuis les années 1970-80, les mutilations aux Etats-Unis.
Toutes les hypothèses ont été émises et aucunes n’a fait l’objet d’une vérification sérieuse et approfondie. Chacun y va de sa certitude, untel aurait vu un lynx, donc c’est un lynx… Un émir possède une ménagerie dans les environs, donc c’est un Puma qui s’est échappé et qui rôde en tuant. La présence du loup est signalée depuis plusieurs années sur le plateau de Canjuers (dommages et observations visuelles), donc c’est le loup. Ces opinions que rien n’étaye sont certainement respectables mais peu logique, pourquoi ?
Les personnes qui professent de telles convictions ne tiennent pas compte du contexte global de ces déprédations, les troupeaux attaqués sont depuis bientôt trois ans, pratiquement les mêmes : Monsieur Baili Bouberker a perdu environs 1800 bêtes, il n’est pas le seul et ça continue : Le lieu géographique est restreint aux abords du camp militaire de Canjuers, situé sur la commune de Montferrat et qui s'étend sur 35 000 hectares, c'est un des plus grand camps d'Europe.
Les blessures sont vraiment étranges, non pas qu’elles soient faites, à l’instar des mutilations de bétail américaines, avec une précision chirurgicale mais par la nature même. Dans certains cas, la peau ne porte que quelques fines perforations de quelques millimètres, elle n’est pas déchirée ou arrachée comme cela devrait être si des prédateurs classiques en étaient les auteurs. Les parties sous-jacentes portent des hématomes disproportionnés en regard des blessures superficielles et quasiment invisibles sans un examen détaillé.
Sur une bête, un hématome mesurait vingt centimètres de diamètre, quatre côtes étaient brisées et les dégâts dans les chairs considérables, or cet agneau était encore vivant, boiteux mais vivant. Sur la dernière attaque de son troupeau, une brebis porte, outre quelques perforations de même aspect que ceux décrit plus haut, une perforation ou une cavité cylindrique dans le thorax, entre les membres antérieurs, les côtes ayant été comme découpées.
Sur d’autres bêtes les blessures sont tout à fait différentes, lors d’une attaque précédente, une brebis laissée sur place pour le constat de la gendarmerie était éventrée de la gorge au bas de l’abdomen et l’une des caractéristiques étranges, commune à toutes ces déprédations, est que les bêtes ne sont pas consommées par les charognards ou les prédateurs locaux. Le loup par exemple mange d’abord les viscères (parties les plus tendres) et là, il n’en est rien. Comme si toutes ces morts étaient gratuites ou perpétrées pour le plaisir, bizarre de la part de prédateurs dont nous savons qu’ils tuent pour se nourrir. On invoque aussi une bête qui serait devenue perverse, mais on ne sait pas s’il s’agit réellement d’une bête et laquelle…
Tout aussi étrange, pour ne pas dire plus étrange encore, est le comportement des autorités civiles et militaires, cette affaire a été jugée assez grave au point que le ministre de l’environnement de l’époque, Mme Ségolène Royale en a été instruite. Que s’est-il passé ensuite ? Rien, hormis de belles promesses écrites, personnes ne bougent ou ne lève le petit doigt pour essayer de comprendre ce qui se passe. Une plainte pour mauvais traitement envers les animaux a été déposée et ensuite rejetée sous prétexte que le prédateur n’a pas été identifié. Il semblerait bien que cette affaire soit tabou au yeux de certaines autorités.
A la fin de l'été 1992, un troupeau de moutons qui paissait à proximité du camp militaire de Canjuers fut littéralement décimé. Plus de la moitié des bêtes du troupeau furent retrouvées mortes et mutilées. Le propriétaire perdit une vingtaine de bêtes qui présentaient toutes les même symptômes. Sur une superficie maximum d’environ trente kilomètres carrés, les moutons retrouvés offraient tous les mêmes marques, (deux trous distants d’une dizaine de centimètres environ parfaitement circulaires, d’environ 8 centimètres, de part et d’autre de la jugulaire, parfaitement identiques et espacés d’une même distance) et totalement vidés de leur sang avec les organes vitaux prélevés.
Source :Trait d’Union No 11.