La fréquence d'un
satellite desservant notamment l' Agence France Presse est brouillée depuis
lundi soir. La thèse du piratage, avancée par certains, ne convainc pas les
experts.
Mais le phénomène reste
inexplicable.
Les interférences ont
commencé lundi soir, faiblement. Mardi, la fréquence porteuse du satellite
Hotbird couvrant l' Europe et le Moyen-Orient était complète ment brouillée.
Durant une quinzaine
d'heures, l' Agence France Presse (AFP), utilisatrice de la bande, n'a pas pu
fournir ses clients en dépêches d'actuali tés. Une fréquence de secours a été
trouvée hier matin.
«On ne sait pas d'où vient
ce flux parasite, on n'arrive pas à l'identifier, explique un techni cien de l'
AFP. Pour brouiller une émission à 18 Giga Hertz, il faut être sacrément équipé
et com pétent. C'est l'oeuvre de profes sionnels. » «Le signal est très
puissant, il ne peut s'agir d'un type s'amusant sur son toit», renchérit-on au
département commercial.
Certains, déjà, évo quent la
piste d'un piratage d'origine militaire. «Quel inté rêt y aurait-il à parasiter
une agence de presse? Introduire de faux messages, éventuellement, mais cela ne
s'est jamais vu, même pendant la guerre froide! Je tablerais plutôt sur le mau
vais temps ou une rivalité com merciale », commente Joseph Henrotin, chargé de
recherche au Centre d'analyse et de prévi sion des risques internationaux
(CAPRI) à Aix-en-Provence.
Outre l' Agence France
Presse, le satellite Hotbird dessert plu sieurs centaines de radios, télévi
sions et services multimédias en Europe, au Proche-Orient et au nord-est de l'
Afrique. La panne concerne
un répéteur de fré quence et touche un centième environ de la capacité totale
du multiplexe «Machination commerciale?» «Il est difficile d'imaginer une
manoeuvre politique, stratégique ou militaire là derrière, note un expert en
renseignements. Une machination commerciale? Le marché est dur, mais pas à ce
point-là. Un problème météo? Il n'y a, à ma connaissance, que les éruptions
solaires qui puissent provoquer ce genre de panne. Le satellite a pu être
touché par un projectile.» Du côté d' Eutelsat, fournisseur de la station
touchée, on admet simplement qu'aucune piste n'est écartée. Hasard du
calendrier, les autorités américaines ont procédé il y a peu à des tests de
piratage de fréquences satellites. «Ils voulaient voir si c'était possible et
avec quels moyens», explique Maurice Bot bol, rédacteur en chef d' Intelligence Online. Peut-être sont-ils désormais fixés.